Le Crédit Mutuel a le sourire

Le nouveau président du Crédit Mutuel Nicolas Théry donne un coup de jeune à l’état-major du groupe. Pour l’instant, la stratégie n’apparaît pas différente de celle tracée durant des années par Michel Lucas : concentration, diversification, mutualisation. Avec, sans doute, un coup d’accélérateur donné à l’international.

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Usage très tendance du rasoir, belle capacité d’écoute, sourire communicatif, fermeté du discours sans dévier du sillon tracé par son prédécesseur Michel Lucas.

Le nouveau président du Crédit Mutuel Nicolas Théry, également PDG de la filiale CIC Est, s’est prêté pour la première fois au jeu de la conférence de presse de présentation des résultats hier après-midi au Bischenberg, le centre de formation de la banque. Un rendez-vous traditionnel, mené à un rythme soutenu par le directeur général Alain Fradin, après les divers conseils d’administration réunis dans la matinée.

Avec un résultat net comptable de 2,51 milliards d’euros, en hausse de 4 %, 37,5 milliards d’euros de capitaux propres et, de ce fait, une solidité financière très au-dessus des normes de la profession, les performances du CM 11 CIC, avec ses 66 372 salariés, sont indiscutablement bonnes (DNA du 26 février).

C’est vrai dans quasiment toutes ses composantes, qu’il s’agisse du réseau dans ses différentes enseignes et métiers, de l’assurance, des services ou du numérique. Le Crédit Mutuel, relativement moins présent à l’étranger que d’autres groupes bancaires français, marque également des points à l’international. Dans l’assurance (lire l’encadré) mais aussi dans l’affacturage et le leasing, par exemple.

Alain Fradin a en effet annoncé le rachat très prochain des activités dans ce domaine de General Electric en France et en Allemagne : « C’est la première acquisition significative sur le marché des entreprises depuis le rachat du CIC », fait observer le dirigeant. En phase de négociation exclusive, l’opération doit encore obtenir l’aval des instances du personnel et des autorités de régulation des deux pays mais l’affaire semble bien engagée.

Sur un plan général, Nicolas Théry a souligné la qualité de l’exercice écoulé : « C’est une année réussie, marquée par la renégociation de nombreux crédits et le développement de nos différents métiers ».

« Nous allons poursuivre l’orientation donnée par Michel Lucas, l’industrialisation très forte de nos métiers »

Et de donner les trois axes qui structurent le Crédit Mutuel : concentration sur le métier, stratégie de diversification, avec l’exemple de la téléphonie mobile, et « pacte social » avec les salariés qui bénéficient d’un investissement de 6 % de la masse salariale en formation, un ratio élevé : « La contrepartie de l’engagement du personnel est d’éviter tout plan social ». L’employeur bancaire a accordé l’an dernier 0,5 % de hausse des salaires et 0,5 % d’intéressement. C’est dans le même esprit que va être prolongé le plan de développement à moyen terme pour les deux années à venir. Interrogé en fin de rencontre sur sa position au regard des investissements dans la presse (le Crédit Mutuel est actionnaire des DNA, de L’Alsace et de plusieurs journaux dans l’Est), Nicolas Théry n’a pas fait de confidence mais délivré un message limpide : « Michel Lucas reste à la manœuvre dans ce secteur. C’est un investissement qui, comme tout investissement, a vocation à être rentable ». Position logique qui invite à une certaine attention.

Niveau de rentabilité maintenu en 2016

Pour ce qui est de la banque et des activités directement liées : « Nous allons poursuivre l’orientation donnée par Michel Lucas, avec l’industrialisation très forte de nos métiers conjuguée à une large responsabilisation des caisses locales », indique le président du Crédit Mutuel.

Malgré sa taille devenue gigantesque, le Crédit Mutuel continue de s’appuyer sur ses cellules de base que sont les caisses locales. Alain Fradin illustre le propos en rappelant que 97 % des crédits distribués (plus de 304 milliards d’euros en 2015) ont pu faire l’objet d’une autorisation donnée au niveau des caisses locales.

Alain Fradin a fait preuve de prudence en évoquant les perspectives 2016. Il semble acquis que les taux d’intérêt resteront collés à un niveau historiquement bas. « Je pense que nous maintiendrons en 2016 le même niveau de rentabilité. Le coût du risque reste étal en janvier, ce qui est plutôt un bon signe ». Le banquier regrette que la formule de calcul du taux appliqué au livret bleu ne respecte pas, pour des raisons politiques, les règles qui avaient été fixées par les pouvoirs publics. Ce qui fait de ces dépôts une ressource plutôt chère : « Si on appliquait la formule, le taux ne serait pas à 0,75 % mais plutôt à 0,25 % », fait remarquer, un peu pincé, le directeur général du Crédit Mutuel.

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L’assemblée générale du Crédit Mutuel se tiendra le vendredi 27 mai à Strasbourg