La robotisation avance à grands pas dans les banques françaises

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En attendant la révolution promise par l’intelligence artificielle, les banques automatisent leurs procédures informatiques les plus simples. Leurs usines de traitement sont concernées mais aussi des activités de en lien direct avec leurs clients.

Derrière les innombrables promesses de l’intelligence artificielle qui focalisent l’attention et les craintes pour l’emploi dans l’industrie bancaire, se joue une autre révolution plus silencieuse : celle de la robotisation des procédures informatiques. Ces dernières années, les banques ont multiplié les études pour automatiser leurs processus les plus simples dans un souci d’économies de coûts et de gains d’efficacité. Désormais, les travaux pratiques sont largement engagés. « Les banques françaises sont plutôt en retard par rapport aux pratiques internationales, mais depuis un an, il y a une forte accélération des projets d’automatisation », confirme Xavier Müller, directeur services financiers chez Deloitte.

Il y a quelques semaines, Natixis a ainsi annoncé en interne le déploiement d’un assistant robotique pour automatiser certains traitements de ses back-offices dédiés aux activités de financement et de marchés. Chez Société Générale, ces assistants ont d’abord été développés en Inde – où la banque a délocalisé le traitement administratif de ses opérations. Mais aujourd’hui, ils ont aussi pris pied en France où ils sont par exemple utilisés pour réconcilier des opérations comptables. Les acteurs étrangers ont aussi enclenché le mouvement : « nous avons commencé à automatiser certains processus dans nos back-offices il y a deux ans, aujourd’hui nous avons 16 outils de robotique en place », indique Ilona Dzierzanowska, directrice des opérations d’INGBank France. Ils prennent en charge des opérations réalisées par 10 à 15 personnes.

Des assistants qui reproduissent des tâches simples

Bien moins évolués que les « intelligences artificielles » les outils d’automatisation vers lesquels se tournent les banques se contentent de répliquer des procédures très normées. Dotés d’un mot de passe et d’un code d’accès au système informatique de la banque – à l’instar des salariés – ces assistants vont chercher des données dans un applicatif pour les reproduire dans un autre et ainsi prennent en charge des actions de reporting devenues innombrables dans les grandes banques.

Une roue de secours

Leur usage ne se limite pourtant pas aux usines de traitement des transactions. « Des back-offices ces technologies ont essaimé dans les services de conformité, de détection des fraudes ou encore dans les calls-center pour permettre aux conseillers de lancer un processus de remboursement assurantiels de façon automatique sur leur ordinateur pendant un entretien téléphonique par exemple. Certaines banques y voient aussi un intérêt en front-office pour récolter des données dans différents systèmes informatiques et préparer un entretien avec un client », explique Xavier Müller.

Cantonnés aux procédures qui n’impliquent pas de jugement humain, ces systèmes constituent une roue de secours pour les banques qui doivent surmonter les difficultés que présentent leurs mille feuille de systèmes informatiques. « Ce type de solution ne peut être que temporaire. Elles représentent des coûts de licence et il faut qu’elles nous permettent de supprimer trois ou quatre postes de travail pour être rentables. Parfois, il est plus censé de repenser la procédure informatique dans son intégralité », tempère un banquier français.

L’impact sur l’emploi pourrait être majeur

Beaucoup privilégient une solution intermédiaire : commencer par rationaliser leurs outils existants, pour ensuite les relier à des outils « intelligents », capables de lire ou de générer des textes en français. Les effets sur l’emploi pourraient être majeurs tant dans les filiales délocalisées de « back offices » que dans les métiers bancaires eux-mêmes. Fin juillet, McKinsey a évalué à 30 % la part des activités qui pourraient être automatisées dans les seules banques d’investissements.

Sharon Wajsbrot

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